DES
BALEINES ET DES DAUPHINS
- 2011
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Clicanoo.com
- publié le 26 janvier 2011 - Retour confirmé d’Alan
Une quinzaine de jours après sa dernière apparition,
l’éléphant de mer solitaire du Sud sauvage est
venu se reposer une nouvelle fois, hier, sur la plage du Tremblet.
On a eu la confirmation qu’il s’agit bien d’Alan,
observé à une douzaine de reprises depuis 2009. C’est
un visiteur qui a alerté le réseau “échouage”
de l’association Globice, en deuxième partie de matinée
hier. Un de ses membres, Eric, est disponible pour se rendre sur place.
L’antenne saint-joséphoise du parc national est également
prévenue et dépêche deux agents de terrain. Le
temps de faire une série de photos, une petite pluie se met
à tomber sur le secteur… et Alan, qui adore le farniente
au soleil, prend alors la direction de l’océan où
il s’enfonce et disparaît, vers 14 h 20. En cette veille
de rentrée scolaire, il y a eu peu de témoins. A la
réception des photos, Jean-Marc Devroye, vétérinaire
de Globice, confirme qu’il s’agit bien d’Alan (aucune
photo n’avait été prise le 9 janvier dernier)
: “Les multiples cicatrices visibles, en bonne voie de guérison,
me permettent en effet de l’affirmer, car elles correspondent
en tous points avec celles observées précédemment.
De plus, sa taille et sa corpulence apparentes sont tout à
fait conformes à l’évolution attendue”.
Alan est aujourd’hui âgé d’environ 7 ans,
précise-t-il. Avant sa réapparition de début
janvier, l’éléphant de mer n’avait plus
été observé depuis juin 2010, un “trou”
qui masque peut-être des apparitions furtives ou sans témoins.
A moins qu’il ait effectué un aller-retour vers sa région
d’origine, les Kerguelen, plaisantent certains. Mais cela paraît
peu probable. En cas d’observation, soyez discret, gardez une
distance suffisante (la falaise offre un bon point de vue) et comme
le rappelle un panneau sur la falaise de la plage du Tremblet, appelez
le Groupe local d’observation et d’identification des
cétacés au 06.92.65.14.71 - F.M.-A. |
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Clicanoo.re
- publié le 28 mai 2011 - Dernière saison de test pour
la charte baleine
Créée en 2009 pour une durée de trois ans, la
charte d’approche des baleines entame sa dernière saison
d’évaluation. Si elle n’est pas respectée
à la lettre, l’État mettra en place une réglementation
plus stricte. Pour le moment, les cétacés se font désirer.
Alors
que les signalements fleurissent ces derniers jours tout autour de
l’île, les baleines se font malgré tout discrètes.
Le réseau d’observateurs de Globice n’a en effet
confirmé aucune alerte pour le moment. Force est donc de constater
que la saison n’a pas vraiment débuté. “L’an
dernier, on avait enregistré une observation début mai,
mais plus aucune ensuite jusqu’à mi-juin. C’est
donc tout à fait normal”, confirme Laurent Mouysset,
chez Globice. Il faudra donc attendre quelques semaines encore pour
observer régulièrement les baleines dans nos eaux. Et
la saison devrait durer comme chaque année jusqu’au mois
d’octobre. Une saison qui sera d’ailleurs capitale pour
l’observation de ces animaux à la Réunion car
la charte éditée en 2009 pour une durée de 3
ans arrive à échéance.
Encore des comportements à risque
“C’est la dernière année d’essai”,
rappelle Laurent Mouysset. “Si les recommandations ne sont pas
mieux respectées cette année, on passera l’an
prochain à la réglementation. C’est la préfecture
qui prendra la décision après consultation”. S’ils
constatent une nette amélioration depuis l’anarchie constatée
en 2008, les spécialistes de Globice ont tout de même
relevé trop de comportements irrespectueux l’an dernier.
Trop de bateaux autour des animaux, trop de baigneurs à l’eau
et parfois trop près des baleines ou des baleineaux, notamment
le week-end en pleine saison. “La Brigade nature océan
indien de la gendarmerie et les affaires maritimes vont avoir un œil
très attentif cette année, poursuit le chargé
d’animation de Globice. Parce qu’on relève encore
trop de harcèlement, de traques. Or chaque dérangement
est une dépense énergétique supplémentaire
pour les baleines qui se nourrissent très peu en cette saison”.
Le texte de la charte est pourtant très clair à ce sujet
: “Ne jamais poursuivre une baleine : si elle change d’allure
ou change brusquement de direction, c’est qu’elle ne veut
pas être approchée”. Dernière saison donc
pour appliquer enfin l’ensemble des consignes (voir par ailleurs).
Faute de quoi, la saison 2012 verra peut-être apparaître
les premiers spécimens de procès-verbaux.
R.
Lt.
Rappel
de la charte
• L’approche en mer
Tous les bateaux doivent rester du même côté
afin d’éviter le phénomène d’encerclement.
Limiter à 5 le nombre de bateaux en observation pour
minimiser les nuisances sonores. Si le nombre de bateaux en
observation dans la limite des 100 m est supérieur
à 5, attendre son tour à l’extérieur
du cercle des 300 m. Céder sa place au bout de 15 minutes
d’observation lorsque d’autres bateaux sont en
attente.
• À 300 mètres environ :
- Passer au ralenti (3 à 4 nœuds maxi) puis diminuer
progressivement cette vitesse.
- Éviter les changements de régime moteur :
ils provoquent des nuisances sonores importantes pour les
cétacés.
- Ne pas approcher les baleines par l’arrière
: le bateau ne doit pas être perçu
comme un poursuivant. L’approche de la baleine doit
se faire selon une trajectoire d’abord
trois-quarts arrière puis devenant progressivement
parallèle à la route de l’animal.
- Ne jamais couper la route des baleines.
- Ne jamais poursuivre une baleine : si elle change d’allure
ou change brusquement
de direction, c’est qu’elle ne veut pas être
approchée.
- Ne jamais séparer les groupes de baleines, en particulier
les mères et leurs baleineaux.
• À 100 mètres environ :
- Le bateau est à l’arrêt et doit pouvoir
manœuvrer si nécessaire.
Un moteur non coupé permet de faire connaître
la position du bateau aux baleines.
- À proximité de la côte ou du récif,
ne jamais placer le bateau entre le large
et la baleine afin de ne pas bloquer l’animal.
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Clicanoo.re
- publié le 11 juillet 2011 - Des cachalots ont élu
domicile au large de Maurice
Dans le cadre d’une mission scientifique réalisée
la semaine dernière dans la zone océan Indien, l’association
Globice a constaté qu’au moins une cinquantaine de cachalots
vivaient en résidence au large des côtes mauriciennes.
Il
va falloir s’y habituer. Les cachalots n’ont pas toujours
quatre roues et des cannes à sucre sur le dos. Le spectacle
peut être aussi aquatique. Mais la présence du cétacé
dans la zone des Mascareignes a été rarement observée
et les connaissances des scientifiques en la matière restent
très limitées. C’est pourquoi, l’association
Globice a décidé de se lancer dans une étude
scientifique visant à améliorer les connaissances
sur le cachalot dans le sanctuaire baleinier de l’océan
Indien, et plus particulièrement dans la zone Réunion-Maurice.
Un projet basé sur des prospections visuelles et acoustiques.
Deux premières missions de huit jours ont été
réalisées entre la Réunion et Maurice en mai
2008 et en octobre 2009. “Elles ont révélé
une abondance relativement importante de cachalots proche des côtes
mauriciennes, explique Laurent Mouysset, responsable administratif
de Globice. Elles ont aussi révélé une préférence
des groupes pour les eaux de plus de 1 500 mètres de fond,
sur la pente externe du talus de Maurice. Deux grands types d’activité
ont été observés : le nourrissage et la socialisation
- les vocalises qui leur sont associées ont été
enregistrées.” Un catalogue de photos a également
permis d’identifier 35 individus différents, discernés
à partir de la forme de leur nageoire caudale. Il s’agit
pour la plupart de groupes de femelles avec leurs petits, qui sont
les seules à résider à l’année
dans les eaux tropicales. Les mâles, contrairement aux baleines
à bosse, sont les seuls à migrer vers les eaux froides
de l’Arctique pour se nourrir.
ET À LA RÉUNION ?
Afin de poursuivre et approfondir cette étude, Globice
a sollicité en 2010 un deuxième financement auprès
de la Fondation nature & découverte. Ce programme prévoit
l’organisation de deux types de missions en mer en 2011 et
2012 : quatre missions courtes de deux jours au large des côtes
réunionnaises et quatre missions longues de huit jours plus
spécifiquement axées sur la zone Maurice. Entre le
30 juin et le 7 juillet, les scientifiques ont donc réalisé
une nouvelle mission entre la Réunion et Maurice en partenariat
avec la MMCS (Marine Mauritius Concervation Society). “Cette
nouvelle mission qui se termine a été très
fructueuse puisqu’elle a permis l’identification d’une
cinquantaine d’individus, indique Laurent Mouysset. Un travail
de comparaison de ces clichés avec le catalogue existant
doit maintenant être mené afin de déterminer
les recaptures éventuelles.” Cette abondance de cachalots
n’étonne pas ce passionné de la mer : “Le
moratoire sur la chasse au cachalot a près de 25 ans, c’est
donc normal de voir les populations augmenter.” Pour autant,
il n’est pas encore en résidence à la Réunion,
malgré quelques signalements ponctuels. Trois autres espèces
ont été rencontrées lors de ce périple
: deux petits rorquals Antarctique, un groupe de dauphins long becs
et un groupe de dauphins tachetés. M.P. |
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Le
26 juillet 2011 Un mail de Laurent MOUYSSET
J’ai le plaisir de vous informer que Globice a mis
en ligne sur son site (www.globice.org)
un power point expliquant la charte d’approche des baleines.
Cet outil permettra de renforcer encore l’information et la
sensibilisation autour de cette charte. |
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Clicanoo.re - publié le 29 août 2011 - Interdiction
de poursuivre les baleines
La réglementation s’accentue autour de la protection
des mammifères marins. Un nouvel arrêté interdit
de poursuivre ou de harceler intentionnellement les baleines. Des
pratiques qui ont largement cours sur nos côtes. Les sanctions
pourraient tomber à terme.
En pleine saison d’observation des baleines, la nouvelle devrait
interpeller la communauté maritime. En déplacement
en Corse vendredi dernier, la ministre de l’Ecologie, Nathalie
Kosciusko-Morizet, a présenté de nouvelles mesures
visant à la protection des mammifères marins. Un arrêté
en date du 1er juillet interdit dorénavant toute “perturbation
intentionnelle” des animaux, ainsi que la destruction ou la
dégradation de leur aire de repos et d’alimentation.
Dans le terme perturbation”, le document officiel inclut “la
poursuite” ou “le harcèlement” des animaux
dans leur milieu naturel. “Jusqu’à maintenant,
vous n’aviez pas le droit de destruction, mais vous pouviez
gêner par vos activités. Là, il n’est
plus possible de déranger les mammifères marins”,
a expliqué la ministre. Voilà qui, en théorie,
rend hors-la-loi tous les professionnels et plaisanciers qui ont
pris l’habitude de traquer, avec moins que plus de précautions,
les baleines au large de l’île. Malgré la charte
d’approche responsable éditée par les services
de l’Etat en 2008, chacun sait que l’observation des
cétacés donne lieu à une course à la
proximité.
“Plus de facilités pour verbaliser”
Bateaux
de croisières, plongeurs, jet ski ou simples plaisanciers,
ils sont souvent plus d’une dizaine à encercler l’animal,
lui couper la route ou l’approcher par l’arrière.
Autant de pratiques proscrites mais pas condamnées jusqu’ici,
puisque les autorités ont fait le choix de la sensibilisation.
Mais cet arrêté ministériel pourrait changer
la donne. À la Réunion, les services compétents
(Deal, DMSOI) en ont pris connaissance et y travaillent. La préfecture
pourrait s’appuyer sur cette nouvelle directive pour passer
à une phase plus répressive vis-à-vis des usagers
de la mer. Les autorités se sont données jusqu’à
la fin de l’année pour dresser le bilan de la charte
d’approche. Mais compte tenu des nombreuses entorses encore
constatées (Ndlr : lire par ailleurs), le recours à
des sanctions semble inévitable pour réguler un business
florissant. “L’interdiction de perturber les animaux
sauvages était déjà inscrite dans le code de
l’environnement. Cet arrêté précise un
peu plus les modalités de la perturbation. De fait, cela
donnera des facilités pour verbaliser ceux qui s’approchent
trop près des baleines”, indique un responsable de
la Direction de la mer sud océan indien (ex-Affaires maritimes),
tout en précisant que “la disposition est d’ores
et déjà applicable”. Autrement dit, un bateau
pris en flagrant délit de perturbation de baleine pourrait
très bien être verbalisé demain. Reste à
savoir que si les moyens de répression suivent. La police
de la mer se limite actuellement à une vingtaine d’hommes
(brigade nautique, gendarmerie maritime). Un peu maigre pour patrouiller
l’ensemble du littoral sud-ouest, zone privilégiée
pour l’observation des cétacés. En tout cas,
les récalcitrants sont désormais prévenus.
Vincent
Boyer
“Cette
saison, c’est un carnage”
L’interdiction de perturber les baleines concerne directement
les professionnels comme la société Croisière
et découvertes, basée à Saint-Gilles, qui propose
des safaris cétacés. “C’est une mauvaise
nouvelle pour mon business, mais une bonne pour les baleines, réagit
son directeur, Olivier Del Vecchio, pas surpris par cette mesure.
Tôt ou tard, on allait y arriver. On a essayé la prévention
avec une charte. Mais force est de constater que ça ne fonctionne
pas. Beaucoup foncent dans le tas. Cette année, c’est
même un carnage. Même Globice le reconnaît”.
L’association référente en la matière
confirme. “Oui, ça se passe mal, difficile de le nier.
La pression humaine est de plus en plus forte autour de l’animal.
C’est la foire d’empoigne. On se retrouve avec des conflits
d’intérêts et des altercations entre usagers”,
observe Laurent Mouysset, responsable administratif de Globice.
Pour quand le premier accident ?
Même constat irrité du côté des
clubs de plongée. “Il y a trop de monde autour des
baleines. C’est devenu un business florissant”, témoigne
le gérant d’un club du port de Saint-Gilles, en stigmatisant
la prolifération d’associations dite scientifiques,
“qui font payer les gens en plaisance pour aller observer
les baleines”. Tous les usagers se renvoient la balle avec
la crainte du premier accident. Le bateau qui se pendra un coup
de queue, le nageur imprudent percuté par un navire. Chez
les plaisanciers, il n’est pas rare de voir tout un équipage
abandonner son bateau pour approcher les baleines à nage…
Clicanoo.re
- publié le 1er septembre 2011 - Globice favorable à
la charte et reconnaît ses limites
Le bureau de l’association Globice s’est réuni
mardi soir pour décider d’une position commune suite
à la publication du décret de Nathalie Koscusko-Morizet
sur la protection des mammifères marins.
La
ministre de l’Écologie a en effet décidé
d’interdire la “perturbation intentionnelle” de
ces animaux en mer et par conséquent de permettre des sanctions
pénales à l’égard des contrevenants.
Une décision qui remet donc en cause le dispositif adopté
depuis 2008 à la Réunion où la sensibilisation
était privilégiée à travers la charte
d’approche des baleines. “Globice souhaiterait que la
charte porte ses fruits et renouvelle sa préférence
pour la sensibilisation. Pour autant, l’association constate
que la charte a atteint ses limites cette année, notamment
sur le bassin de Saint-Gilles” explique Laurent Mouysset,
le responsable administratif de l’association.
“Rien
n’est encore décidé”
Que
faire donc pour préserver la sérénité
des baleines dont la présence suscite un engouement croissant
et non contrôlé ? “Nous restons dans nos domaine
de compétence, la connaissance, la sensibilisation. Ce n’est
pas à nous de choisir entre charte et réglementation”
estime encore Laurent Mouysset. “C’est aux services
de l’Etat de se positionner en fonction de leurs volonté
et de leurs moyens”. Globice veut croire que la charte n’est
pas encore tout à fait caduque. “Elle sera évaluée
en fin d’année comme prévu et rien n’est
encore décidé”. Force est de constater que le
décret ministériel prévaut tout de même
déjà sur ce protocole local de prévention depuis
le 1er juillet dernier. Une application qui devrait pour autant
rester relativement souple jusqu’à la fin de cette
saison baleinière. R. Lt. |
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La
Réunion (IPR) - Publié le 02/09/2011 à 07h00
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Les baleines font leur show (image
Imazpress & Félix ULM )
Jets d’eau soufflés par leurs évents, claquements
de nageoires... Ce jeudi 1er septembre 2011, une baleine et son baleineau
ont offert un spectacle exceptionnel en baie de Saint-Paul, au large
du Cap La Houssaye. Depuis la mi-juin, les baleines se livrent ainsi
à un ballet aquatique au large des côtes réunionnaises,
pour le plus grand plaisir des amoureux de la nature.
Naître sous les tropiques, manger en Antarctique, les baleines
à bosses de l’hémisphère Sud avancent au
rythme de ces objectifs. Tous les ans, après un voyage de plus
de 6 000 kms, les géantes des mers s’accouplent et mettent
bas dans la chaleur de l’Océan Indien avant de retourner
dans l’Antarctique avec leurs petits.
Chaque année,
ce sont environ 4 000 baleines qui migrent ainsi. Un flux remonte
le long des côtes sud-africaines et un second prend la direction
de Madagascar, Maurice et La Réunion.
Dans
l’île, une charte d’approche des baleines a été
signée en 2009 entre la préfecture, des associations
de protection et d’études des cétacés ainsi
que par les différents professionnels de la mer. Cette charte
établit les principes fondamentaux à respecter pour
ne pas déranger les baleines à bosses, souvent en période
de reproduction quand elles longent les côtes réunionnaises.
Si les cétacés subissent un stress à cette période,
cela touche d’autant plus l’ensemble de leur population.
Il est ainsi rappelé d’éviter de s’approcher
à moins de 100 mètres d’elles. Dans cette limite,
il faut être à l’arrêt, ne pas les poursuivre,
ne pas leur couper la route, ne pas se placer entre elle et le large,
ne pas séparer les groupes, concentrer les bateaux du même
côté et s’éloigner après 15 minutes
d’observation pour laisser la place aux autres.
Il est par ailleurs fortement déconseillé aux nageurs
de se mettre à l’eau à proximité d’une
baleine, de ne pas les toucher, de proscrire toute mise à l’eau
en présence d’un groupe actif ou encore d’éviter
de sauter du bateau, de crier ou de faire des mouvements brusques
qui pourraient les déranger.
Les nomades du grand bleu multiplieront câlins et pirouettes
sous l’eau au large des côtes réunionnaises jusque
la mi-octobre. www.ipreunion.com
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Clicanoo.re
- publié le 18 septembre 2011 - Baleines : un show toujours
plus grandiose
Ce n’est pas qu’une impression
: le nombre de baleines présentes autour de l’île
augmente bel et bien. D’où l’émerveillement
de nous autres, pauvres petits humains, depuis la terre, par bateau
ou par les airs. Si tout va bien, elles devraient être encore
plus nombreuses dans les années qui viennent. Explications.
Il
suffit d’un saut, d’un battement de queue ou de nageoire
et c’est l’événement. Les automobilistes
s’arrêtent, des embouteillages se forment, les appels
affluent sur les radios et La Réunion a la sensation d’assister
à l’un des spectacles plus merveilleux de la planète
: les apparitions de sa majesté Baleine, reine des océans.
Cette année, sans doute encore davantage que les précédentes,
nous sommes gâtés : les baleines semblent plus nombreuses
que jamais, visibles tout autour de l’île, et pas seulement
dans l’Ouest ou le Sud mais aussi sur les côtes Nord et
Est. Comme si elle s’attardaient davantage que par le passé.
A moins que nous ne soyons plus attentifs que jamais. En réalité,
l’augmentation du nombre de baleines le long des côtes
réunionnaises est bel et bien avérée. Elle est
même particulièrement sensible depuis 2008, année
d’un “pic”, comme le dit Laurent Mouysset, l’un
des salariés de Globice, organisme qui surveille et étudie
les cétacés en général et les baleines
à bosse (1)
- celles qui nous concernent - en particulier. Jusqu’en 2007,
une vingtaine de baleines étaient repérées et
photographiées chaque année. Or en 2008, ce nombre a
grimpé subitement à 83, puis 84 en 2009 et 126 en 2010.
Pour cette année, à deux mois environ de la fin de la
saison, nous sommes déjà à 90 individus “uniques”.
Nous disons bien “uniques” car chaque baleine est identifiable
à sa “caudale” (sa queue) qui, par sa forme et
sa pigmentation, correspond aux empreintes digitales chez l’homme
: il n’existe pas deux caudales identiques dans le monde. Ce
qui rend passionnante l’étude de ces cétacés...
sauf qu’ils gardent encore bien des mystères.
Maman veille
sur bébé, les mâles “draguent les tantines”
Ce
que l’on sait, c’est pourquoi ces gigantesques créatures
(jusqu’à 18 mètres de long pour 35 tonnes) viennent
migrer vers chez nous : les femelles pour mettre bas et les mâles
en quête de femelles avec qui s’accoupler. Le reste de
l’année, les baleines vivent en Antarctique, où
se trouve leur garde-manger naturel : le krill, de minuscules petites
crevettes qui, en grande quantité, parviennent même à
colorer la mer en rose. Mais lorsqu’arrive la fin de la gestation
(qui dure de 10 mois à un an), maman baleine doit diriger des
eaux plus chaudes que supportera son baleineau, un joli bout de chou
tout blanc de 4 petits mètres et 700 petits kilos. Et c’est
donc vers l’Afrique du Sud, le canal du Mozambique, Madagascar,
La Réunion (et l’océan Indien en général)
que migrent les baleines, à partir de mai-juin puis plus massivement
vers juillet-août avant de repartir en octobre. Nous, heureux
chanceux, assistons donc aux premiers coups de nageoires de ces bébés,
qui ont impérativement besoin de leur maman pour apprendre
à se mouvoir et respirer. Mais aussi pour être protégés
des prédateurs que sont les orques ou les requins, ce qui explique
que le nourrisson et sa mère restent près des côtes.
D’où les magnifiques photos aériennes de baleines
et de leur baleineau prises par avion ou ULM, mais aussi les bonds
constatés hors de l’eau depuis la côte. Bébé
apprend, bébé s’amuse, au contact de maman. Et
papa dans tout ça ? Chez les baleines, le géniteur s’en
va dès l’accouplement, bébé ne le connaîtra
jamais. Il arrive qu’un mâle accompagne parfois une baleine
et son petit, “comme une escorte”, explique Globice, mais
sans lien de parenté. Mais si les mâles frayent dans
les eaux de l’océan Indien, c’est plutôt
en bandes (en “groupes actifs” disent les scientifiques)
et pour “draguer les tantines”, si vous nous passez l’expression.
D’où,
là encore, des sauts hors de l’eau et de grands coups
de caudales et de nageoires pectorales qui claquent, pour impressionner
les rivaux et les belles. C’est également au cours de
cette parade amoureuse que, calé dans les eaux profondes (mais
pas trop, pas plus de 150 m), le mâle entonne ses chants d’amour,
pouvant passer jusqu’à 45 minutes sans sortir respirer.
Alors, combien de baleines autour de La Réunion ? Plusieurs
centaines, selon Globice, mais notre île est en tout cas moins
fréquentée que Madagascar, notamment la baie d’Antongil,
dans le Nord-Est. Là-bas, l’association Cetamada estime
leur nombre entre un et deux milliers d’individus. L’ONG
américaine Wildlife Conservation Society (WCS) jauge quant
à elle à 7000 le nombre d’individus dans le canal
du Mozambique. WCS a d’ailleurs confié aux scientifiques
réunionnais un catalogue de 1021 baleines “capturées”
dans la baie d’Antongil pour le comparer au catalogue de 450
caudales déjà enregistrées ici. Calmons-nous
: le verbe “capturer” signifie seulement, dans ce cas,
que leur queue a été prise en photo et qu’elles
sont donc identifiées. Or, il se trouve que l’on a “recapturé”
à La Réunion trois baleines qui se trouvaient à
Madagascar au début des années 2000. Cinq autres individus
ont été identifiés au large de La Réunion
en 2009, puis en 2010. Quant à la baleine baptisée “Yoga”,
elle est presque une habituée de nos eaux : elle y est venue
en 2003, puis 2009 et 2010.
Satellites
et études génétiques
L’ennui,
c’est que malgré les études, les observations
en mer ou par satellite, on ignore encore le trajet exact qu’effectuent
les baleines lors de leurs transhumances annuelles. Elles sont capables
de franchir des milliers de kilomètres et de rester plusieurs
semaines au même endroit puisqu’à La Réunion,
l’une d’elles a été vue deux fois à
62 jours d’intervalle (le record local). Mais pour en savoir
plus, il faut rivaliser de patience et d’ingéniosité.
Ainsi, outre ces comparatifs de “recaptures” entre La
Réunion et Madagascar, une opération a été
lancée l’an dernier à partir d’échantillons
de peau prélevés sur des baleines (2). Ils nous éclaireront
peut-être sur la proximité génétique entre
les baleines qui frayent à La Réunion et celles observées
à Madagascar, Mayotte, Mozambique ou Afrique du Sud. Et l’on
continuera surtout d’étudier ce regain de vigueur de
l’espèce. Les spécialistes se sont demandés
si les baleines revenaient davantage chez nous en raison d’évolutions
des courants marins ou d’un éventuel réchauffement
des eaux. Mais l’hypothèse retenue comme la plus plausible
est encore plus souriante : tout porte à croire que le moratoire
sur la chasse à la baleine, décidé il y a 25
ans, porte ses fruits et permet à l’espèce de
se régénérer. Chaque année, les effectifs
se reconstituent à raison de + 9%. C’est énorme.
Et du coup, les baleines seraient en train de recoloniser des milieux
qu’elles occupaient par le passé. Chouette, voilà
qui nous promet de superbes ballets aquatiques pour l’avenir
! David
Chassagne
(1)
Appelées ainsi en raison de la forme de leur dos, arrondi,
lorsqu’elles plongent. (2) Grâce à un procédé
indolore : une flèche pourvue d’un embout spécifique
est lancée avec une arbalète. Elle permet de prélever
un petit morceau de peau.
Clicanoo.re
- Edito - publié le 18 septembre 2011 - Cétacé
prometteur, mais gare aux excès
Allez, nous allons encore gravir un
échelon au baromètre de “l’île intense”.
Nous avions les cachalots sur nos routes, nous avons désormais
les baleines en mer... avec des embouteillages dans les deux cas.
Et nous voici donc propriétaires d’un autre trésor
naturel, que, dans la hâte qui nous est coutumière,
nous voulons dare-dare transformer en bonne grosse monnaie. D’ailleurs
le terme “propriétaire” est bien inapproprié,
en l’espèce. Nous devrions plutôt dire “dépositaires”
voire “gardiens” car les baleines, bien que géantes,
sont d’une désarmante fragilité. Pour tout dire,
elles reviennent de loin : si nous n’étions pas situés
dans un “sanctuaire baleinier” où la chasse est
strictement interdite, les baleines à bosse continueraient
à se faire rares. Les spécialistes en dénombraient
une petite vingtaine par an au large de nos côtes, au début
des années 2000, or depuis 2008, le nombre de 80 est allègrement
franchi et les baleines font notre bonheur tout autour de notre
petit caillou. Alors, en moins de temps qu’une traversée
Réunion-Mada pour ces mastodontes avaleurs de kilomètres,
nous risquons bien de réussir ce que nous faisons de mieux,
nous humains : pourrir la situation. Les baleines sont de retour
? Pour fêter ça, harcelons-les à grands coups
de sorties tarifées, de poursuites en Zodiac, d’amas
de bateaux et d’enthousiasme béat. Faisons surtout
semblant de croire que nous ne sommes que de ridicules petites créatures
inoffensives pour ces méga-princesses des mers. Et brandissons
la baleine comme un argument touristique de plus, pour parvenir
cahin-caha aux 600 000 visiteurs que nous visons désormais.
Evidemment qu’il faut partager ce spectacle, qu’il faut
en profiter, et peut-être essayer d’en vivre. Mais au
rythme où nous avons enclenché la manœuvre, nous
fonçons allègrement dans le mur. La preuve : la charte
pleine de bons sentiments publiée en 2009 par les autorités
frise l’obsolescence. On ne compte pas les bateaux qui transgressent
la limite imposée de 100 mètres qui devrait les séparer
de l’animal. Tout le monde sait, voit, constate, que le spectacle
donne lieu à des joutes non-dites entre skippers de bateaux
de tourisme, ou scientifiques, ou de plaisance, ou carrément
marrons. Et on commence à prévenir que les forces
de l’ordre pourraient bien sévir l’année
prochaine. Sévir ? Mais avec quels moyens ? Et avec quelles
méthodes ? En photographiant par satellite les bateaux qui
contreviennent aux règlementations ? En organisant des rondes
d’hélicoptères ? A l’évidence,
aucune réponse décente ne pourra être trouvée
pour limiter l’ampleur du phénomène. Car il
y a toujours dans un recoin de l’esprit humain cette idée
que la mer “c’est le parc Astérix”, pour
reprendre l’expression d’un interlocuteur contacté
au cours de la réalisation de ce dossier dominical. David
Chassagne
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Clicanoo.re
- publié le 14 novembre 2011 Zourite va bien, Zourite
va bien et c’est une bonne nouvelle ! Après les inquiétudes
de vendredi (notre édition d’hier), le dauphin a été
aperçu hier matin entre la pointe des Aigrettes et le cap
Homard. Selon Laurent Mouysset, de l’association Globice,
il a même effectué deux sauts, comme pour rassurer
ses spectateurs. L’association connaît ce cétacé
depuis 2006.
merciClicanoo.re
- publié le 13 novembre 2011 - Si vous apercevez Zourite,
dites-le à Globice
Zourite a-t-il été blessé ou est-il malade
? En tout cas, l’équipe de l’association Globice
s’interroge sur le sort de ce grand dauphin de l’Indo-Pacifique
(une espèce qui mesure environ deux mètres de long),
qu’elle suit depuis 2006. Car Zourite a été
reconnu vendredi 11 novembre vers 11 heures (les numérologistes
y verront peut-être un signe…) entre Petite et Grande
Ravine, à 300 mètres du bord. Selon Laurent Mouysset,
de Globice, c’est Jean Charles, le gérant du magasin
Bourbon Marine (Saint-Gilles) qui faisait du paddle et avait remarqué
« le comportement étrange de ce dauphin qui ne nageait
quasiment pas et passait beaucoup de temps sur le dos ».
Vanessa Estrade, vétérinaire et membre de Globice,
a pu se rendre sur la zone avec Jacques Fayan, agent de la BNOI
(Brigade de la nature de l’océan Indien), grâce
à un bateau de l’Aquarium. Malheureusement, selon M.
Mouysset, « le temps d’arriver sur zone, le dauphin
avait disparu ». Il reste les clichés de Jean Charles,
qui a pu photographier la dorsale du cétacé : ils
ont permis d’identifier Zourite. Vendredi après-midi,
le propriétaire du catamaran Lady Lafée rappelait
l’association Globice, pour signaler le dapuhin à Trois-Bassins,
« avec le même comportement mais sans les marques rouges
sur le ventre que Jean Charles avait cru apercevoir le matin ».
Depuis, plus rien… Laurent Mouysset reste preneur de toute
information concernant le dauphin ; vous pouvez l’appeler
au 06 92 65 14 71. V.H. |
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Clicanoo.re
- publié le 20 novembre 2011 - La folle ascension de Globice
D’une poignée de passionnés admiratifs des cétacés,
l’association Globice est devenue la référence
en la matière, menant de front programmes scientifiques et
sensibilisation. Retour sur dix ans d’une folle ascension.
L’association
Globice peut être fière du chemin parcouru. Qui aurait
prédit d’une telle destinée, depuis sa création
en avril 2001 ? Surtout pas son fondateur, Bernard Rota. L’idée
de sa création jaillit un soir d’apéro, en rentrant
d’un Réunion-Maurice en bateau. "Nous nous sommes
rendu compte des richesses sous-marines de l’océan",
se souvient-il. "Je me suis dit, il faut qu’on se regroupe".
Ainsi est née Globice. Sa vocation initiale : "Aller à
la rencontre des cétacés", tout simplement. "Jamais
je n’aurais parié que cela prenne une telle ampleur",
confie-t-il. À l’époque, les baleines batifolaient
en toute sérénité. En aucun cas, elles ne déchaînaient
les passions comme aujourd’hui. "Nous étions tout
seuls autour d’elle". Certains riaient même au nez
de cette bande de potes, tandis que des scientifiques les regardaient
de haut.
L’association doit alors s’employer à asseoir sa
légitimité auprès des acteurs locaux. Fonctionnant
sur ses fonds propres et grâce au sponsoring, elle maintient
le cap et se lance dans le recueil de données, encore inédit
dans la zone. La première baleine est ainsi identifiée
le 28 septembre 2001. Son nom : Adidas, inspiré de ses trois
tâches blanches. Peu à peu, Globice creuse son sillon.
Les regards évoluent. "À cette époque, tout
le monde comprend alors qu’on est sérieux", affirme
Bernard.
Première
charte d’approche en 2003
En 2003, une première charte d’approche est
éditée en collaboration avec le muséum d’histoire
naturelle. C’est aussi le temps des premières subventions
que les autorités allouent en toute confiance. Au-delà
de la Réunion, des spécialistes saisissent l’enjeu
de cette activité, des Américains du muséum d’histoire
naturelle de New-York filent un sacré coup de main. Courant
2006, le bénévolat trouve ses limites. Il semble indispensable
de se structurer. Globice voit la création d’un premier
poste rémunéré avec l’arrivée de
la cétologue Violaine Dulau. Tandis que la présidence
revient à Virginie Boucaud. Le rythme ne cesse de s’intensifier
tout comme les programmes de recherches concernant différents
cétacés. Le réseau Echouage voit le jour, tout
comme les premières interventions pédagogiques en milieu
scolaire.
Quand Globice se protège
En 2007, Laurent Mouysset est nommé chargé
de l’animation et du suivi administratif. Un an plus tard, l’association
compte 60 membres. Globice suscite un intérêt croissant,
de la part des autorités, qui chaque année lui commandent
des études. La Réunion tout entière tombe sous
le charme des cétacés. Régulièrement,
les médias s’emparent de ce thème enthousiasmant.
Aussi s’annonce un virage délicat : mettre au grand jour
la recherche tout en préservant le sujet de recherche. "Pendant
cinq ans, nous sommes restés une trentaine de membres. On ne
voulait pas se transformer en activité de while watching",
précise Bernard à ce propos.
Globice se voit donc dans l’obligation de calmer les ardeurs.
La réputation de "cercle fermé" ne l’épargne
pas. Un passage difficile à vivre certes mais garant d’une
ligne de conduite intacte. Car participer à cette grande aventure
exige toujours passion et contribution. Deux qualités que Laurent
tente de discerner lors d’un entretien avec chaque "postulant".
Les adhésions ne peuvent se faire que sur parrainage. Ce dispositif
s’accompagne aussi de l’impossibilité de rejoindre
l’association du 1er juin au 30 octobre, la pleine saison des
baleines. C’est radical pour écarter les éventuels
"profiteurs", qui, contre 30 euros par an, imaginaient déjà
pouvoir s’évader toutes les semaines. Ce solide rempart
permettra ainsi à la structure de ne pas perdre sa vocation
première. "Désormais, plus personne ne vient dans
l’objectif de plonger avec les baleines", indique Laurent.
S’atteler au protocole scientifique reste bien évidemment
LA priorité.
500 nageoires caudales identifiées
Une obstination qui porte ses fruits et sert la science. Avec cette
première récompense survenue l’année dernière.
Une baleine aperçue en 2003 s’est à nouveau approchée
des côtes réunionnaises. Ce travail fastidieux d’identification
permet de gonfler une base de données qui aujourd’hui
répertorie 500 nageoires caudales différentes. Le chemin
est encore long mais l’envie d’avancer n’a jamais
été aussi forte au sein de Globice. Un troisième
permanent est recruté en mai dernier. "Ca bouillonne actuellement",
confie Laurent, heureux de voir une telle synergie au sein de l’équipe.
La collaboration régionale est particulièrement bien
rodée permettant l’échange des catalogues d’identification.
La cause baleine nous a rapprochés de la WCS, une Ong américaine
de renom. "On intéresse les plus grands", se réjouit-il.
Et ce n’est pas un hasard. Avec des moyens limités, Globice
a su se créer des outils à la hauteur de ses ambitions.
En 2010, ils étaient une centaine de bénévoles
à sillonner la mer sur sept bateaux (mis à disposition),
au cours de 200 expéditions. En 2001, le compteur des sorties
a culminé à 10 ... Belle ascension. Damien Frasson-Botton (*)
Wildlife Conservation Society
"On n’a jamais communiqué
sur le sensationnel""On dit que Globice a créé
les baleines !", lâche Bernard Rota. Une formule pour
signifier que l’entrée en scène de l’association
en 2001 a levé le voile sur la présence des mammifères
marins. C’est elle qui a signé les premiers clichés
de ces somptueux balais au large de nos côtes. Indéniablement,
Globice a donc contribué à créer le buzz, voyant
d’un mauvais œil s’engouffrer pléthore de
prestataires sur un créneau très lucratif. Pour autant,
les passionnés sont toujours restés en alerte sur
le sujet, refusant que la baleine ne devienne une bête de
foire. "On n’a jamais communiqué sur le sensationnel,
on a toujours mis en avant le volet sensibilisation", rappelle
Laurent Mouysset. Les appels à une approche respectueuse
de l’animal, maintes fois réitérés (depuis
10 ans !), ont été relativement entendus en 2009 et
2010, mais ignorés cette année, avec notamment un
mois d’août catastrophique au large de Saint-Gilles.
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Clicanoo.re
- publié le 18 février 2012 - “Ce n’est
pas à nous d’approcher les baleines, c’est à
elles de le faire”
Fabrice Schnöller étudie l’acoustique sous-marine
et les vocalisations des cétacés depuis plusieurs années
à la Réunion au sein de l’association réunionnaise
Abyss. Cet ingénieur, titulaire d’un master en biologie
marine, est à l’origine du documentaire qui sera diffusé
dimanche sur France 2. Il nous explique les dangers que peuvent occasionner
les tumultes aquatiques sur les cétacés.
Quel
est l’impact de la pollution sonore des océans sur
les baleines ou les dauphins ?
Il est multiple. Le premier est que le bruit des hommes risque de
couvrir celui des animaux. Les baleines bleues n’étant
plus très nombreuses, elles vivent très éloignées
les unes des autres. Les sons qu’elles émettent sont
essentiels pour qu’elles arrivent à se retrouver. En
les empêchant de se rencontrer, la pollution sonore risque
de diminuer leur population. On sait aussi que le bruit développe
beaucoup de stress et peut conduire à des maladies, en particulier
des infarctus. Enfin, il y a le risque de perte d’audition,
voire même de destruction auditive, notamment face à
des explorations pétrolières ou de chantiers de construction.
Est-ce que les sons sont amplifiés dans l’eau
?
Non mais sous l’eau, les sons vont plus loin car ils ne sont
pas amortis par l’air. Des études ont ainsi montré
qu’une baleine pouvait entendre l’un de ces congénères
situé à plus de 10 000 km. Dans l’eau, le son
ne se propage pas tout droit. Sa trajectoire va varier en fonction
des températures, de la salinité et de la pression.
Ces ondes, par différents phénomènes de résonance,
peuvent aller jusqu’au bang supersonique, comme les avions
qui franchissent le mur du son dans l’air. Les sons émis
dans l’eau peuvent atteindre 250 décibels. C’est
énorme. Pour comparaison, le bruit qu’on entend à
un mètre du réacteur d’une fusée est
de 180 décibels.
Comment doit-on aborder les baleines pour ne pas les déranger
sur le plan acoustique ?
Ce n’est pas à nous d’approcher les baleines,
c’est à elles de le faire ! Nous sommes favorables
à une approche douce, éloignée du bateau, mais
pour cela il faut attendre des heures sans bouger. Quand on veut
voir un écureuil, on ne lui court pas après avec des
noisettes. Il faut être patient. C’est pareil pour les
baleines. Il faut accepter d’y consacrer du temps. Je peux
comprendre la difficulté compte tenu de cette société
pressée qui veut consommer de la baleine comme un créneau
horaire dans son séjour touristique. J’aimerais qu’on
fasse une rencontre avec la baleine, pas une observation. Je crois
aujourd’hui que la plupart des clubs nautiques vont dans cette
démarche écologique et pédagogique. La Réunion
doit passer du modèle quantitatif de 100 000 touristes qui
vont voir des baleines chaque année pendant quelques minutes
à un modèle qualitatif de 20 000 personnes qui vont
à leur rencontre pendant six heures.
À la Réunion, quels sont les bruits auxquels
doivent faire face nos cétacés ?
Bateaux, travaux, essais géologiques… comme partout
ailleurs la Réunion est confrontée à des sources
de bruit. Mais nous avons la chance d’être en Europe
et de bénéficier de cadres qui empêchent de
faire n’importe quoi. Reste qu’il n’existe toujours
pas de seuil réglementaire fixant les limites des décibels
sous l’eau. Pour autant, la Réunion est encore assez
préservée puisque depuis environ quatre ans, nous
n’avons jamais eu autant de baleines. Au contraire de Maurice,
les Comores, Mayotte… Personne ne sait vraiment pourquoi.
Une hypothèse est qu’elles aient été
dérangées acoustiquement pendant leur reproduction
sur l’un des autres sites de l’océan Indien qu’elles
avaient l’habitude d’emprunter.
Les travaux de la route du littoral risquent-ils d’incommoder
nos cétacés ?
Tous les travaux peuvent avoir des effets mais il y a déjà
eu des essais géologiques sur la route du littoral qui n’ont
pas occasionné d’impact sonore puisque nous n’avons
jamais eu autant de baleines. Pour autant, cette question est prise
très à cœur par la Région et nous sommes
actuellement en train d’y travailler. Une démarche
est engagée afin de trouver des solutions pour ne pas les
déranger. Plusieurs techniques sont déjà connues
: le ramping (on monte progressivement le bruit afin de laisser
le temps aux animaux de partir), la capping, le rideau de bulles
ou le coffrage… Il faudra certainement mobiliser la somme
de ces solutions pour être efficace et faire preuve de bon
sens en utilisant par exemple des capteurs qui nous permettront
de stopper les travaux quand les animaux passeront. Nous avons un
site exceptionnel sur lesquels sont prévus des travaux exceptionnels
alors mettons en œuvre des moyens exceptionnels ! ¦ Entretien
M.P.
Clicanoo.re
- publié le 18 février 2012 - La pollution sonore
des cétacés, c’est assez !
Vacarme en haute mer. C’est le nom du documentaire présenté
par Sébastien Folin qui sera diffusé demain sur France
2. Un film en partie tourné à la Réunion qui
fait la part belle à nos fonds marins mais qui a surtout
le mérite de mettre en garde contre les nuisances sonores
qui menacent nos dauphins et baleines à bosse.
Le monde du silence n’est plus qu’un doux rêve
d’océanographe. Les océans ne sont plus seulement
bercés par les chants mélodieux des baleines et les
trilles des dauphins. Entre les sonars militaires, les parcs éoliens
offshore, le ballet des navires et les prospections pétrolières,
la bande-son du Grand bleu pourrait aujourd’hui ressembler
à un concert dissonant. Un tintamarre en mer qui a été
précisément mesuré par les scientifiques. En
50 ans, l’intensité sonore a augmenté de 20
décibels du fait de l’activité humaine. “Il
y a récemment une prise de conscience sur la pollution sonore
des océans”, observe Fabrice Schnöller, président
d’honneur de l’association réunionnaise Abyss.
C’est d’ailleurs ce spécialiste de l’acoustique
sous-marine qui a sensibilisé à cette question Sébastien
Folin, l’animateur le plus réunionnais du PAF qui anime
- entre autres - chaque dimanche sur France 2 le magazine Grandeurs
nature.
Pour cette émission scientifique, Sébastien Folin
s’est donc jeté à l’eau. Il a mené
l’enquête à travers les quatre coins du monde
(Honduras, Floride, Italie, Île Maurice, Allemagne et surtout
La Réunion) afin de comprendre les enjeux de la pollution
sonore en haute mer. Il a chaussé palmes et tuba pour partir
à la rencontre des baleines à bosses, des dauphins
et des cachalots. “Le vrai problème c’est que
la mer me faisait très peur, raconte Sébastien Folin.
J’ai donc pris mon courage à deux mains, décidé
d’apprivoiser cette phobie et aussi dû me remettre en
condition physique. J’ai fait du sport et j’ai perdu
15 kg, c’est certainement ce qui a été le plus
facile. La partie la plus ardue a été de m’habituer
à nager dans l’océan et apprendre l’apnée.
J’ai donc fait beaucoup d’aller-retour avec La Réunion
pendant un an.” Filmé en trois sessions en 2011, le
reportage donne à voir de belles images de notre île
et des séquences magiques. “J’avoue que le moment
où la baleine à bosse est venue me toucher, reste
certainement l’épisode le plus mémorable de
cette aventure”, se souvient l’animateur. Au-delà
de l’aspect esthétique, ce documentaire a le mérite
de délivrer un message assez rare sur les nuisances sonores
imposées aux populations marines et permettra peut-être
aux futurs touristes de venir voir nos baleines en respectant un
peu plus leurs oreilles Marie
Payrard
“Vacarme en haute mer”. Documentaire de 52 minutes signé
Jérome Julienne & John Jackson, présenté
par Sébastien Folin. Diffusion programmée ce dimanche
19 février à 19 h 30 sur France 2 dans l’émission
Grandeurs nature (le programme ne sera pas rediffusé sur
Réunion première). |
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